Avouez-le : vous êtes si heureux de vous marier que vous aimeriez avoir inventé cette cérémonie d’union, être les premiers à la célébrer, innover, l’inventer, montrer l’exemple, donner envie d’être imités. Mais votre euphorie ne vous a pas rendus naïfs à ce point. Vous vous doutez bien que vous sacrifiez à une longue tradition.
Les historiens font remonter la cérémonie du mariage à 3000 ans avant Jésus-Christ, à l’époque de la civilisation Sumer en Irak. Le mariage aurait été créé pour sceller à la fois une fidélité sexuelle entre les époux, et doter le père d’une descendance. L’épouse est destinée à assurer la paternité du géniteur, et un père à ses enfants. Les enfants conçus hors mariage n’ont pas de père légal, parfois même (comme en Chine) il n’est pas reconnu par l’état.
L’institution du mariage est alors garante de la survie de l’espèce. On est loin, en cette ère antique, du mariage d’amour. C’est avant tout une alliance entre deux clans, avec un enjeu à la fois matériel (la possession de biens, de terres, de bétail), et moral (la protection). Kidnappée par son futur époux ou offerte à la suite de transactions, la jeune fille est mariée entre 12 et 14 ans, sans être consultée. Un banquet célèbre le contrat.
En Grèce antique, les pères choisiront eux-mêmes un mari pour leur fille, et celle-ci ne découvrira celui qu’elle épouse que le jour J. Dans l’empire romain, on va inaugurer un certain nombre de rituels : la mariée est enlevée par les amis du mari à la fin du repas de noces, portée sur le pas de la porte de sa nouvelle demeure. C’est dans la Rome antique qu’est inauguré le rituel de l’alliance : un anneau de fer échangé.
Chez les nobles, l’épouse peut conserver ses biens. Au IIIème siècle, sous le règne de l’empereur Constantin, la femme coupable d’adultère est punie, divorce et répudiation sont institués. Au Vème siècle, l’église prend une place plus importante dans l’organisation sociale et de nouvelles règles morales apparaissent. Les évolutions de statuts conjugaux, les nouveaux usages découlent aussi des invasions, des guerres. Le XIème siècle interdit les mariages consanguins, et instaure la publication des bans, afin d’officialiser le mariage et de réduire les unions libres.
Il faut attendre le XIIIème siècle pour que soit admis le consentement mutuel des époux, et signé un contrat de mariage. Le christianisme fait du mariage un sacrement, au même niveau que le baptême ou l’eucharistie. Ce n’est néanmoins qu’en 1542, à l’occasion du Concile de Trente, qu’est établie l’union religieuse, célébrée par un prêtre, devant témoins. Si, au cours de l’Antiquité, il était possible de rompre cet engagement, le mariage devient indissoluble. Le mariage religieux est le seul qui existe, les prêtres tiennent eux-mêmes les registres d’état civil.
Le mariage d’amour ne daterait que du XVIIIème siècle, il remplace le mariage de convenance et tente plus d’égalité entre hommes et femmes. En 1792 est instauré le mariage civil : il devient obligatoire de s’unir civilement avant de pouvoir s’unir religieusement. Il faudra attendre 1884 pour que le divorce devienne une démarche légale.
En France, depuis 1999, il est possible pour les couples hétérosexuels comme homosexuels de conclure un PACS (pacte civil de solidarité), une union civile représentant une alternative au mariage. Et les personnes de même sexe peuvent s’unir depuis depuis 2013 et l’adoption de la loi 2013-404.