« Y a tibia lioubliou » (« Я тебя люблю » en caractères cyrilliques) est la phrase qu’il faut savoir prononcer si l’on veut épouser un homme ou une femme russe. Traduction : « Je t’aime ». On se marie assez vite en Russie, assez jeune. On pratique assez peu le concubinage là-bas, où on considère qu’il vaut mieux faire des enfants le plus tôt possible, et où le divorce se négocie à peu de frais. Mot d’ordre : se marier, donc, bien avant la fleur de l’âge !
Attention toutefois : les Russes sont superstitieux. La demande en mariage doit se faire un jour impair, mais pas un mercredi ou un vendredi, ni le 13 du mois. La cérémonie nuptiale ne se déroule qu’en semaine, et jamais au mois de mai (« maïatsia » signifie « souffrance », quel présage !). On retrouve cette superstition dans la célébration florale : il faut veiller à n’offrir qu’un bouquet impair, les bouquets de fleurs en chiffre pair sont réservés aux enterrements. Les tiges sont appréciées les plus longues possible, les bouquets préférés sont ceux qui ne sont formés que d’une seule variété. A la fin de la cérémonie, l’usage veut que les invités fassent la queue pour offrir des brassées de fleurs à la mariée, secondée par l’une de ses témoins pour les récupérer et les entasser.
Les futurs mariés doivent passer séparés la nuit qui précède leur union. Le jour J, le marié se rend chez ses beaux parents pour chercher sa promise. Laquelle ne lui sera confiée que s’il passe avec brio une série de tests, une sorte de quizz destiné à vérifier qu’il connaît bien celle qu’il prétend aimer. Une fois l’épreuve relevée, les parents des deux partis offrent au couple une icône à accrocher dans leur foyer et le bénissent.
C’est en voiture, en général une limousine, que les héros de la journée se rendent ensemble au bureau d’état civil (rebaptisé « palais des noces ») pour sceller leur union, puis s’offrir une séance de photos. La cérémonie religieuse (orthodoxe) voit les mariés invités à unir leurs mains jointes, être couronnés, écouter la lecture de l’Evangile (épisode des noces de Cana, où le Christ change l’eau en vin),et entamer une marche nuptiale qui consiste (main dans la main) à faire trois fois le tour de l’autel, embrasser trois fois la croix.
A l’heure des victuailles, au restaurant, un « tamada » (le mot vient du vocabulaire géorgien,il désigne la maitre de cérémonie) prend les choses en mains : il anime la fête, distribue les temps de toasts (arrosés de vodka), de discours et de chansons. Chaque intervention se ponctue par un verre à vider…et des baisers à échanger. L’un des jeux dont sont férus les participants consiste à dérober en douce des objets fétiches, tels qu’une chaussure de la mariée, les bouteilles de champagne dont s’abreuvent les mariés…voire la mariée en personne, kidnappée. Pour les récupérer, il faut se plier à des gages. Le gâteau/pièce montée qui ponctue le repas est découpé par le marié, la part du haut avec son emblème décoratif étant vendue aux enchères, à fin de rejoindre la corbeille des mariés.