Notre première recommandation sera de tenter de contrôler la météo : rien de plus refrigérant qu’une sortie de mairie sous une pluie battante, comme dans César et Rosalie de Claude Sautet (1972), où les parapluies rivalisent avec les robes pimpantes. Evitez aussi de louer une limousine pour vous rendre à la soirée, si celle-ci se déroule en un lieu qui n’est accessible que par de petites routes aux virages en épingles à cheveu : Melancholia de Lars von Trier (1972) suggère que ce n’est pas la fin du monde d’apparaitre à la hauteur de ses moyens.
Parmi les écueils regrettables, le genre de gaffes perpetrées par Ben Stiller dans Mon beau-père et moi de Jay Roach (2000), ce futur gendre dont le souci de bien faire décuple les réflexes maladroits, risquant de faire perdre patience à l’inflexible Robert de Niro et de le rendre perplexe sur le bien fondé de confier sa fille à un déclencheur de catastrophes. Il est aussi déconseillé d’enterrer sa vie de garçon de façon voyante et vulgaire comme dans Very Bad Trip de Todd Phillips (2015), idem pour les filles (voir Mes meilleures amies de Paul Feig (2011). Ainsi que de partir en fou rire en plein échange des consentements, comme Juliette Binoche dans L’Insoutenable légèreté de l’être de Philip Kaufman (1987).
Concernant la cérémonie, il est très mal vu que la mariée prenne la poudre d’escampette avant les consentements, comme Isabelle Adjani dans Clara et les chics types de Jacques Monnet (2002), ou comme Julia Robert dans Just married de Garry Marshall (1998), que ce soit en courant comme une deratée vers le fond de l’église pour la première, ou à cheval et au galop pour la seconde. Une mariée boiteuse, arrivant en clopinant, n’est pas du meilleur effet (Les salauds dorment en paix d’Akira Kurosawa, 1960). Des alliances trop grandes ou trop étroites perturbent la cérémonie, fussent-elles destinées à Louis XVI et à une autrichienne (Marie Antoinette de Sofia Coppola, 2006), les avoir oubliées est encore pire, honte à Jean Dujardin (Mariages ! de Valérie Guignabodet, 2004). Il est aussi très mal vu de se comporter comme Fréderic Beigbeder dans A cause des filles ? De Pascal Thomas (2019) : un marié qui abandonne la mariée stupéfaite à peine sorti de l’église, pour filer dans une voiture décapotable avec une autre femme.
Durant la messe, ce n’est pas une bonne idée de placer une brochette de malfrats agenouillés au premier rang, qu’ils se nomment Francis Blanche, Bernard Blier, Lino Ventura ou pas, ni de faire entendre fusillade et explosion à l’extérieur de l’église (Les tontons flingueurs de Georges Lautner, 1963). La sortie de l’église est un moment solennel : inutile, fut-ce pour créer un trouble ou pour mettre de l’ambiance, de tuer le mari sur les marches devant le porche (La mariée était en noir de François Truffaut, 1986). Clore un mariage par un massacre sanglant n’est pas non plus du meilleur goût (Kill Bill de Quentin Tarantino, 2003). Ni organiser un bombardement durant la noce (Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder, 1979).
A proscrire également : sombrer dans la fête trop arrosée, chansons grivoises à la rescousse, et autres « et glou, et glou, et glou… », comme dans Cousin cousine de Jean-Charles Tacchela (2013), ; faire boire la mariée plus que de raison, jusqu’à lui faire tomber des gouttes de vin rouge sur sa robe immaculée, prédestinant des lendemains sanglants (Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, 2013) ; faire prendre les photos souvenirs par un chimpanzé (Victoria de Justine Triet, 2016) ; laisser le marié lorgner sur sa belle-mère, fut-elle clone de Catherine Deneuve (Belle maman de Gabriel Aghion, 1998) ; inviter un oncle zombie, susceptible de se mettre à vouloir dévorer tout le monde (REC 3 de Paco Plaza, 2012) ; laisser entrer de jeunes opportunistes inconnus au bataillon, et les laisser devaster le buffet, séduire les jeunes filles (Serial noceurs de David Dobkin, 2005) ; laisser s’infilter deux déjantés, punk et simplet, videurs de coupes de champagne (Le Grand soir de Gustave Kervern et Benoit Delépine, 2012).
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